Je courais encore et toujours… J’avais l’impression d’être poursuivit par quelque chose, ou quelqu’un. c’était une bête, mais elle était humaine. Pas une bête humaine comme moi non, un mélange vraiment bizarre. Je humais l’air, m’arrêtant jusque quelques secondes. Des loups ! J’avais des loups aux fesses et un loup pas tout à fait loup. Par mes moustaches, si je n’accélérais pas, j’étais foutu. Je repartis de plus belle, accélérant encore et encore jusqu’à ce que je parvienne à mon terrier où il ne pourrait pas me suivre jusqu’au château de ma Reine. Des mâchoires canines se refermèrent à quelques centimètres de ma jolie queue en pompon, je fis un roulé-boulé dans mon terrier.

Je me réveillais en bas de mon lit, sur mon tapis, le souffle court, trempé de sueur. Je passais une main sur mon visage en tentant de reprendre mon souffle mais surtout que ma vue et mon ouïe se rétablissent. Enfin… pour l’ouïe, c’était relatif, très relatif. Au moins mon oreille ne sifflait-elle pas. De quoi avais-je pu bien rêver pour me retrouver dans cet état au réveil presque tous les jours ? Je passais une main sur ma nuque et grimaçais.
Je remontais finalement sur mon lit pour saisir mes cachetons et ma bouteille d’eau. J’étais dans le cirage la moitié du temps et l’autre moitié je planais, ça m’allait très bien, au moins, les acouphènes étaient moins douloureux. Le pire dans tout ça, c’était de ne pas voir Aimée quand ça me prenait et que j’aimais bosser dans les archives tant il y faisait calme. Sérieux, j’me faisais flipper.

M’allumant un clope, je restais assis sur mon lit, les pieds nus sur la moquette le temps d’émerger. J’observais mon portable pour voir si je n’avais pas de nouvelles d’Aimée et si, j’en avais. Elle était inquiète mais elle me préférait ici plutôt que chez mes vieux. Moi aussi dans le fond. Ma chambre avait la même gueule que là-bas sauf qu’ici, j’étais en paix. Clope coincée au coin de la bouche, je m’étais levé pour aller fouiller un tas de fringues pour en sortir un t-shirt sale. Faudrait que je colle tout ça à la lessive. Clope posée, t-shirt enfilé, j’ouvrais la porte du couloir en remettant ma clope à ma bouche. La voie était libre, pas de squatte, pas d’Abso, la douche était à moi. Je fonçais donc en prenant soin de boucler la porte le temps de me laver. C’était toujours un sale moment, le bruit de l’eau, c’était pas si douloureux, le problème, c’était d’éviter l’eau dans l’oreille. Bref… Je ressortis de là propre, j’allais donc me fringuer un minimum.
Autrement, quand je disais minimum… c’était caleçon, pantalon en tissu ultra léger et t-shirt tout aussi léger, pieds nus dans l’appart’. Bouchon enfin collé dans l’oreille, je rejoins la cuisine en toute quiétude, maître mot : thé ! Le matin, il n’y avait rien de plus important qu’un thé. J’avais un besoin quasiment pathologique de mon thé vanille le matin. Le midi, thé citron et le soir, thé menthe sauf quand Samaël me collait une camomille dans une main et un joint dans l’autre. Affalé sur le plan de travail à regarder mon eau chauffé, je terminais ma cigarette. L’odeur de vanille remplissait la cuisine. Bordel… j’devenais vraiment neuneu chez Abso par moment. Râlant à moitié, je décidais de me beurrer une tartine pré grillée. C’était parfait, parfait jusqu’à ce que j’entende Abso butter contre une chaise.

Je tournais la tête, clope dans une main, tartine dans l’autre. « T’es tombé du lit ? » En fait, je ne savais même pas quelle heure il était et je m’en fichais bien. J’bossais pas aujourd’hui, rien à foutre. Je posais mon menton sur ma main et mon coude sur le plan de travail en mâchouillant mon morceau de pain alors que la bouilloire avait fait son petit clic habituel. J’avançais ma tasse vers Samaël qui passait juste à côté. Après tout, sa tasse à lui était prêt aussi, il pouvait bien verser l’eau chaude.