CRÉDIT - TUMBLR

« Il ne faut pas préparer la poêle tant que le poisson est dans la mer. »

"This is something that everyone knows :"

NOM & PRÉNOM(S) : Kaety Jill Hyland ♦ DATE DE NAISSANCE ET AGE : 27 janvier, 26 ans ♦ ORIGINE(S) : américaine ♦ EMPLOI ET/OU ETUDE(S) : Journaliste ♦ STATUT : Séparée.

CHAPTER ONE ♦ "Because we all lived in a fairy >tale."

A L'EPOQUE TU ÉTAIS : la mariée noire ♦ LE CONTE : La mariée blanche et la mariée noire ♦ TON RÔLE DANS L'HISTOIRE : détruire la mariée blanche ♦ DE QUEL COTE ES-TU ? : du coté de la jalousie, de la rage, de la rancoeur, du mal .. ♦ TON DERNIER SOUVENIR : ma mère, le vieux paysan, cette saleté de demi soeur, ma noirceur et celle de ma génitrice, le mariage, je me souviens de tout.

Tes pieds foulent la terre sèche. Tes mirettes anisées se plissent sous l'ampleur de l'ardeur de l'astre solaire. Ses rayons frappent ta peau fragile. Rougissent ton épiderme douloureux. Tapent dur sur ta frêle silhouette. Entourée de ta mère et de ta demi-sœur, tu te rends dans les champs pour couper le fourrage. Devant toi, s'impose soudain un vieux paysan. Certainement plus pauvre que ta famille. Les cheveux grisonnant, le dos courbé, ses vêtements sales et troués, les rides incrustées sur son visage transpirant, il te révulse. Te dégoûte. Te soulève le cœur. « Pouvez-vous m'indiquer le chemin pour aller au village ?  » Comme si vous n'aviez que ça à faire. Le travail et l'épuisement qu'il engendre vous attendent à plusieurs kilomètres encore. Vous aussi, vous êtes mal nourris, mal logés, ancrées dans la détresse et la privation. Cette vie maigre t'a au moins appris l'importance de l'égoïsme. Aider autrui causera ta perte à coup sûr. Tu as déjà beaucoup à faire pour assurer ta propre survie. « Il faudra le trouver vous-même. » Exactement. Ta mère fait preuve de sagesse. « Quand on a peur de s'égarer, on part accompagné. » Tu t'estimes beaucoup plus maligne que lui. Jamais tu ne t'aventurerais seul dans l'inconnu. « Venez, brave homme, je vous guiderai. » Tes opales vitreuses dévisagent ta demi-sœur. Le minois pâle, les joues légèrement rosies par le soleil, ses longues mèches encadrant sa frimousse enfantine, elle t'irrite. Si jolie, si gentille, si avenante, si appréciée. Qu'elle aille se perdre avec ce vieil abruti. Ce dernier se tourne vers ta génitrice et toi. Tu ignores ce qui lui prend. Son regard noir transpercerait presque ton palpitant rocailleux. Tu hausses les épaules. Tu te fiches de ce qu'il peut bien penser de toi. Vous laissez ta demi-sœur l'accompagner pour continuer votre chemin. Une fois arrivées au champ, les heures de labeur commencent. Lorsque l'astre abandonne sa couleur topaze pour s'habiller d'un voile ocre, vous quittez enfin le pâturage. Tes muscles endoloris te font souffrir. Tout ton corps hurle sa douleur. Ta langue rêche claque sèchement sur ton palais assoiffé. Exténuée, tu jalouses ta si parfaite sœur. Sa fainéantise lui a épargné des heures de travail. Quelle ingrate. La fatigue mêlé au courroux n'arrange en rien la vue de ta silhouette noircie. Noire, comme le charbon. Recouverte de la tête au pied d'une pellicule épaisse et sombre. Tu rages. Tu cris. Ce vieux paysan t'as enlaidis. Ridiculisé. Volé ton amour propre et ton charisme. Ton palpitant s'embrase. Se consume dans une puissante et vigoureuse tempête. Il s'enflamme avec une intensité brûlante. Il aboie. Vocifère. Détonne. Jure de se venger. C'est ta sœur qui va payer. Sans elle et sa délicatesse mal placée, ce vieillard n'aurait rien fait. Tout est sa faute. C'est sous cette allure de petit ange qu'elle t'a arraché le maigre bonheur que tu arrivais à conserver. Elle a causé ton malheur. Celui de ta pauvre mère. Ta rage gonfle. S'amplifie. Prête à exploser. Lorsqu'elle rentre chez vous. Sa beauté est comparable à celui de la plus belle des étoiles. Elle rayonne. Resplendis. Tu n'en peux plus. Tu ne tiens plus. Tu promets de la détruire.

Plus tard, ta jalousie est encore mal-menée. Régis, le frère de ta demi-sœur, le cocher du roi, annonce que ce dernier désire se marier avec elle. Parce qu'elle ressemble à sa défunte épouse. Parce qu'il est tombé sous son charme. Au fond de ton être, une colère aussi noire que ton épiderme charbonneux bouillonne. Tu en veux à ta génitrice. Incapable de te donner le même bonheur. Elle te murmure d'être patiente. Te promet d'agir. De faire cette prospérité tienne. Vous montez, tous les quatre, dans le carrosse qui doit vous mener au mariage. Ta mère rend Régis aveugle. Ta demi-sœur sourde. « Voile ton beau visage, ma petite sœur, gare à tes jolies joues, car le ciel pleure : Empêche le vent fort de te décoiffer, que bientôt le roi admire ta grande beauté ! » Les niaiseries de Régis te soulève le cœur. L'incompréhension se lit sur la frimousse de la mariée. « Que dit-il, mon petit frère ? » « Il dit seulement que tu dois enlever ta robe dorée et la donner à ta sœur. » Elle hôte sa robe immaculée, te la tend. Tes phalanges s'agrippent à l'étoffe délicate avant de t'y glisser. Ta vengeance s'accomplit petit à petit. Tu lui balances vulgairement ta chemise grise. « Voile ton beau visage, ma petite sœur, gare à tes jolies joues, car le ciel pleure : Empêche le vent fort de te décoiffer, que bientôt le roi admire ta grande beauté ! » Le même manège recommence. « Que dit-il, mon petit frère ? » « Il dit seulement que tu dois ôter ton chapeau doré de ta tête et le donner à ta sœur.  » Elle te coiffe. Tu souris. Elle poursuit le chemin la tête nue. Pour la troisième fois, le petit tour s'enchaine. « Voile ton beau visage, ma petite sœur, gare à tes jolies joues, car le ciel pleure : Empêche le vent fort de te décoiffer, que bientôt le roi admire ta grande beauté ! » « Que dit-il, mon petit frère ? » « Il dit seulement que tu dois regarder un peu le paysage.    » Alors que le carrosse passe sur un pont couvrant des eaux profondes, ta sœur se penche à la fenêtre. Tes doigts et ceux de ta mère se plaquent contre le maigre corps de la véritable mariée. Celle ci tombe. Plonge dans le fleuve profond. Se fait engloutir par une vague sombre. Disparaît dans les eaux troubles. Au château, ta mère diminue la vue du roi. Le rend presque aveugle. L'enchante. Il te trouve acceptable. Malgré ta noirceur. Ta laideur engendrée par le vieux paysan. Il t'épouse. Sans le moindre soupçon.

Ton bonheur ne s'éternise pas. Le destin s'acharne contre toi. Prend un malin plaisir à te torturer. Tu ignores comment le roi a su. Comment ta sœur est revenue. Comment ta joie a pu s'envoler aussi rapidement. Mais la roue tourne malgré toi. Il te chasse. Ainsi que ta génitrice. T'arrache à ton quotidien paisible. Te jette à nouveau dans ton malheur. Charbonneuse, ridiculisée, blessée, en proie à la détresse, tu retournes à ta vie de paysanne. Les gens te pointent du doigt. T'insultes. Ricane dans ton dos. La fureur contre ta sœur n'a jamais été aussi intense. A t'en faire exploser le cœur. A soulever des montagnes. A renverser la mariée blanche. Cette fois, pour l'éternité.

CHAPTER TWO ♦ "now, we are trapped in a curse..."

Tes mains tremblent. Des perles du sueur roulent le long de ta tempe. Tu serres les dents. Étouffes un cri. Tes opales vitreuses fixent tes doigts agrippés au couteau aiguisé. Assistent à la scène qui s'impose à elles. Les rayons de l'astre tapent dur sur ta fenêtre. Frappent le salon de sa lumière aveuglante. Ta vue se trouble. Mais tu distingues encore la lame ensanglantée. Tes mirettes anisées arrivent encore à suivre les gouttes de sang qui glissent le long de la paroi métallique. Tes phalanges déserrent leur prise. La dague tombe lourdement sur le sol. Le bruit de sa chute s'infiltre dans ton oreille. Comme un signal. Comme s'il te faisait revenir à la réalité. A la brutale réalité. Courbée par la douleur, tu t'effondres sur le plancher. Cette fois, tes lèvres sèches laissent échapper un hurlement strident. Tu cris ta souffrance. Elle résonne dans toute la pièce. Te revient en échos. Comme pour te narguer. Pour rire de toi, seule, sans personne pour te venir en aide. Tes doigts se collent contre ton bas ventre. Tes paumes essaient maladroitement de stopper l'écoulement de ton sang. Mais l'hémorragie est trop importante. Tu ne t'ai pas loupé. Le décor tangue. Vacille dangereusement. Les prunelles embuées, tu ne retiens pas ton sanglot ridicule. Dans ta folie, tu tentes de te convaincre que tu as fais ce qu'il fallait. Que c'était la meilleure chose à faire. Ta maigre silhouette ne se tortille plus. Tes muscles n'en n'ont plus la force. Le corps inerte, les paupières closes, l'utérus ouvert par endroit, tu te laisses divaguer. Tu ne deviendras jamais mère. Tu as fait ce qu'il fallait. Tu as fait ce qu'il fallait ...


Ta nouvelle vie, quoique plus confortable est toujours alimentée par la haine. Rythmée par l'ampleur de la jalousie. Cette fois, ce n'est plus que ta demi-sœur que tu envies à crever. C'est tout ceux qui possèdent quelque chose que tu n'auras jamais. Tu as gardé tes souvenirs. Ceux de ton ancien quotidien sombre et rude. Sûrement parce que tu t'es accrochée à ta rancœur de toutes tes forces. Tu sais que la mariée blanche se trouve quelque part dans Taleville. Ainsi que ta véritable génitrice. Quand tu ne rédiges pas un article pour le journal, tu es à leur recherche. Pour retrouver ton alliée. Celle qui a bien faillit te procurer le bonheur tant désirée. Pour retrouver ton souffre-douleur. Pour terminer ce que tu avais commencer. La détruire. L'anéantir. Lui faire partager ce que tu as pu endurer. Vous êtes deux contraires, deux opposées. Pourtant sa vie aurait pu être la tienne. Tu rages à cette pensée. Ça aurait du être toi. Tu n'ai certes pas capable d'éprouver la moindre compassion, le moindre égard de sympathie envers autrui. Comme elle. Comme cette chère et tendre peut le faire. De toute manière, personne n'a su faire chavirer ton cœur froid. Pas même ta génitrice que tu n'es pas certaine de l'aimer vraiment. Pas même cet fiancé que tu as dû te trainer. Pas même le bébé que vous attendiez. Voilà deux ans que tu t'es débarrassé par tes propres moyens de ce fœtus. De cette chose qui grandissait depuis deux mois et demi à l'intérieur de toi. De ce boulet qui commençait déjà à empoisonner ta vie. Ton fiancé est rentré à temps pour t'emmener à l'hôpital. Pour te sauver. Ce bébé était prêt à t'emmener avec lui. L'homme qui partageait ton quotidien n'a pas pu supporter ton acte. Tu revois encore ses prunelles, posées sur ta silhouette de complexée, remplis de dégoût. Tu connais ce regard pour l'avoir toi aussi lancé. A une époque lointaine. Où tu te faisais appeler la mariée noire.

"You and no one else."