Vous connaissez l'effet domino ? Ce petit geste, en apparence anodin, qui déclenche une suite d'évènement invraisemblable tant jamais on aurait pu prévoir qu'une si petite chose en amène autant d'autres... C'est ce qui m'avait amené à tomber sur Liz' en tout premier lieu. J'avais décidé de changer mon itinéraire, ne me demandez pas pourquoi je ne le sais toujours pas, mais j'ai coupé par le bord du lac au lieu de traverser par le parc, et c'est là que j'suis tombé sur elle. Enfin, techniquement, c'est elle qui est tombée. Dans l'eau. Et elle ne remontait pas, alors j'ai plongé. Une fois que je l'ai eu sortie, elle m'a expliqué - même si je m'en étais à peu près déjà rendu compte tout seul - qu'elle avait une aquaphobie, elle m'a ensuite remercié, et nos chemins se sont séparés... Pour se recroiser quelques jours plus tard quand j'ai été forcé de prendre l’ascenseur à la banque. C'est quand même fou, ça, de bloquer l'accès à des escaliers tout ça à cause d'une légère fuite d'eau rendant le sol glissant ! Résultat, ne pouvant repousser mon rendez-vous, voilà que j'ai fait une crise d'angoisse en en sortant... Et que je lui suis rentré dedans. Dieu devait avoir un plan pour nous puisque cette fois, ce fut son tour de m'aider, et une chose en amenant une autre, me voilà maintenant devant chez elle, mains dans les poches, à dodeliner d'un pied sur l'autre. Cela fait quelques temps maintenant que nous sommes amis. Je dois avouer que je l'apprécie beaucoup. Déjà, que ce soient nos peurs qui nous aient rapproché, cela à quelque chose de spécial, d'atypique, c'est pourquoi je ne peux la considérer comme aucune autre des personnes qui constituent mon entourage proche. Céleste est, bien sûr, elle aussi au courant de ma claustrophobie mais, avec Liz, c'est encore autre chose. Je ne peux pas vraiment le définir. Le fait qu'elle m'invite chez elle m'a d'ailleurs plutôt surpris, étant donné son caractère assez réservé. C'est la première fois que je viens, et je crois que je suis un peu nerveux. Cela dit, je ne sais pas vraiment pourquoi, car je n'ai pas de réelle raison de l'être. Ce n'est qu'un appartement, après tout... Mais c'est aussi là où elle vit. Son "refuge". Son monde à elle. Je ressens une sensation étrange à l'idée d'y pénétrer.

Finalement, après quelques minutes d'intense réflexion, je pose un doigt sur la sonnette et finit par appuyer. Alors, j'attends, je guette les pas feutrés qui ne vont pas tarder à se faire entendre de l'autre côté du battant. Ma main est retournée se lover dans ma poche, et la seconde est restée à sa place, serrant un petit sac en plastique renfermant un objet. C'est un cadeau pour elle. Mon père disait toujours que c'était impoli d'arriver chez les gens les mains vides, elles ne le sont donc pas. Cela m'a pris longtemps pour lui choisir quelque chose, je me suis levé tôt exprès afin d'aller trouver la chose parfaite. A force de fouiner dans les rayons, j'ai fini par dénicher ce que je cherchais : une boîte à musique. J'espère que je ne me suis pas trompé car c'est ce qui m'a paru le plus approprié, par rapport aux études que je sais qu'elle fait, n'ayant que peu d'autres indices sur lesquels me baser étant donné que je connais plutôt peu ses goûts, en réalité. Je hausse les épaules pour moi-même. Après tout, on dit bien que c'est l'intention qui compte, et j'espère qu'elle le verra de cet oeil. Entendant finalement la poignée s'abaisser, je relève le menton et me prépare à l'accueillir d'un sourire franc.