Tu viens de passer à l’hôpital Jude, n’est-ce pas ? Tu es inquiète, les choses ne vont pas dans le sens que tu voulais et maintenant tu dois peut-être dire la vérité à Spencer. Tu hésites, tu marches dans la rue, tu as le choix entre rentrer chez toi et réfléchir encore où tourner et aller chez ton aimé pour lui parler sérieusement. Tu t’arrêtes à l’intersection réfléchissant quand soudain un bruit t’interpelle. Maintenant que l’hiver est là, ça change tout il fait presque nuit très vite ! Tu as peur au début, mais soudain tu le vois. Oui Wyatt, c’est de toi qu’on parle. Tu es complètement défoncé et en plus tu sens mauvais l’alcool. Tu as fait la fête en plein après-midi, mais maintenant tu t’es dit qu’il fallait rentrer. Qu’il fallait te coucher parce que ton lit te manque, mais en voyant Jude tu ne peux pas t’empêcher d’aller lui parler ! On parle d’elle dans le journal et puis on parle d’elle puisque c’est la copine du rédacteur en chef. Ton côté commère te force à aller la questionner et puis avec son côté prude t’as envie de la faire danser. Un peu de folie, ça ne fait de mal à personne.

« Vous êtes bien enceinte, Mademoiselle Roseberry. D’un mois environ » me dit-il pour la énième fois depuis le début du rendez vous. Je ne voulais pas y croire en faite. Pas du tout. C’était juste un cauchemar, et j’allais me réveiller tout de suite. A cette pensée, je refermai pour la cinquième fois mes yeux pour les rouvrir quelques secondes plus tard espérant de tout cœur que j’allais me réveiller dans mon lit, chez moi. Mais malheureusement, le cadre de l’hôpital n’avait pas bougé. J’étais restée au… même endroit. Je soupirai doucement. « Vous êtes sûr Monsieur Bell ? » répétai-je, pâle comme un linge ne voulant toujours rien admettre. Il me regarda un instant, m’adressant un sourire en coin. « Oui. Je suis sûr. Regardez-vous par vous-même. » me répéta-t-il en me tendant une photo. Je me redressai, puis je posai mes prunelles sur le document qu’il venait de me remettre. Là, je vis la vérité. C’était bel et bien la vérité. Et, je ne pouvais nier qu’à présent, j’étais dans la merde. Spencer allait me tuer. Non… Personne ne devait le savoir pour l’instant. Et puis… Ca reste une grossesse d’un mois. Je pouvais très bien faire une fausse couche, et perdre ce fichu enfant. Oui, je n’en voulais pas. C’était une… erreur. « Quelque chose ne va pas Mademoiselle ? » me dit-il, en me regardant avec un air inquiet peut être à cause de ma peau trop pâle pour un aussi bel évènement habituellement. « Vous êtes bien la première personne que je vois sans le sourire à l’annonce d’une aussi grande et belle nouvelle ! » renchérit-il en s’approchant de moi. Je relevai alors la tête, la secouant d’un signe négatif. « Si, si. Tout va bien. Ne vous inquiétez pas. C’est juste… que je ne m’y attendais pas. » prétextai-je, faisant un sourire rapide et en coin à Monsieur Bell. « C’est souvent le cas. Et c’est à ce moment là où c’est encore plus beau ! » finit-il par admettre, assez joyeux. Je lui souris, peu convaincue.

[…]

Ca faisait déjà trois heures que je flanais sans but dans Taleville. Pourquoi ? Je ne savais trop rien. Je ne voulais pas rentrer, affronter Spencer et me sentir affreusement coupable. Alors, je préférai rester là, en train de marcher dans la ville. Je pensai à tout et à rien. Je pensai surtout à… ce qui venait de se passer. Je serrai fortement la photo qui se trouvait encore dans ma poche de mon manteau. Je pouvais paraitre égoïste. Ne pas vouloir de cet enfant… Mais je ne l’avais pas non plus demandé. Tout ceci n’était qu’un accident, après tout. Donc, aucun regret et remord. C’était décidé, d’ailleurs : je devais avorter. C’était la seule décision de toute façon. Je ne pouvais pas faire autrement.
Sentant le léger vent sur mes joues, je m’enfonçai dans l’obscurité de la nuit. Spencer devait s’inquiéter. Surtout que je n’avais répondu à aucun de ses appels. Je refusais d’affronter ça. La réalité. Que j’avais un petit truc dans mon ventre. Mon dieu !

J’étais terriblement à la masse ces derniers temps. Pas besoin d’être un génie pour le savoir. J’étais pas tout juste dans ma tête et ma seule thérapie dans ces cas-là, c’était la fiesta. Et c’était une thérapie tellement sympa que j’avais mis les bouchées doubles. Sauf qu’on avait vu plus efficace, juste que je ne voulais pas voir la vérité en face. Je n’avais pas envie de voir la vérité en face.
Totalement ivre, je voyais limite en double et je ne marchais pas tout à fait droit. Heureusement pour moi que je ne bossais pas, j’aurais eu du mal à tenir la distance au boulot. C’est là que je l’ai vu, alors que je rentrais chez moi. La fille dont on avait parlé dans le journal. Pas que j’étais fan des commérages du loup, loin de là. Cet idiot avait mis un sacré boxon en dénonçant Chandler au bal.

Totalement ivre, je ne réfléchis même pas, j’allais vers elle. Jude, la fille qui sortait avec le rédac’ en chef. Je ne calculais même pas qu’elle pourrait me trouver étrange, ça, de toute façon, c’était déjà fait pour la plupart des gens. Bon, ok, j’étais quand même un peu curieux sur elle. Et puis elle sortait de l’hosto, enfin, je pense que c’était de là qu’elle était sortie. Je m’avançais donc.

« Salut ! » Je la regardais me regarder bizarrement. Deuxième tentative. « Et si on dansait ? » Ouais, j’allais certainement passer pour un fou mais j’étais ivre, elle avait l’air d’avoir appris la pire nouvelle de sa vie. J’sais pas. Mon envie de vouloir rendre les gens plus heureux que je ne l’étais, primait sur mon envie d’intégration. J’en avais assez. J’avais vu Dae au plus mal et par ma faute en plus puisque je n’avais pas pu la protéger alors si je pouvais embellir la vie de quelqu’un aujourd’hui, pourquoi pas. Si je devais passer pour un vrai fêlé, j’assumais mon geste. Il paraît que la bonne humeur, c’est communicatif. « Oui, une danse, ce serait bien ça. Et puis ça vous dériderait. Y a comme de la perplexité et de l’horreur dans l’air. J’vous promets, ce sera drôle ! Allez, donnez-moi votre main. » Je lui tendis la mienne. J’étais totalement à la ramasse, on ne pouvait pas faire mieux en la matière.

Si je m’étais rendu compte, j’me serais coller quelques choses comme une centaine de paires de claques. Il faut quand même avouer que là, je me serais fait peur à moi-même si j’avais agi comme ça. C’est tout de même pas commun d’inviter quelqu’un à danser au beau milieu de la rue en plein après midi. Cela dit, cette touche de folie énorme me ferait peut-être du bien. Quoi que là, vu la quantité d’alcool ingurgité et de pétards fumés, je risquais fort de ne rien me rappeler le lendemain matin parce que oui, si je m’écroulais dans mon lit maintenant, j’allais dormir au moins jusqu’à demain. J’étais cuit et j’étais défoncé. Tout ça pour dire que je ne résonnais pas vraiment convenablement.

Je ne regardais vraiment pas où je mettais les pieds, et dans quelle direction j’allais. Je m’en fichais bien. Tout ce que je voulais, c’était de prendre l’air. Voilà. C’était une bonne idée. Peut être aussi, une idée parfaite pour tout oublier. Malheureusement, ce genre de trucs ne s’oubliait pas du jour au lendemain. C’était bel et bien la réalité. La photo était à présent très froissée mais qu’importe. D’ailleurs, je la sortis de ma poche et pour la énième fois, je posai mes yeux sur la photo. Je le vis alors. Un minuscule point. Certes, ce n’était rien mais … Ca restait quand même quelque chose. Malheureusement, je n’en voulais pas. Egoïste ou pas, cet enfant n’était pas désiré. Entendant des pas, je me mis à sursauter et je remis rapidement la photo dans la poche de mon manteau. Puis, je cherchai des yeux un visage. Il y avait encore personne… J’étais encore seule. Mais j’entendais quand même des pas. La personne ne devait pas être très loin. Alors, je rebaissai les yeux, retombant dans mes pensées, marchant à l’aveuglette, prête à arriver à une intersection. Mon téléphone se mit à sonner. Je ne m’en préoccupai toujours pas. Merde.

« Salut ! » entendais-je, une première fois. « Et si on dansait ? » reprit la même voix, quelques secondes après. Je me mis à sursauter, relevant mon regard. J’en fus bouchée bée. Et si on dansait ? Non, mais… Allait-il bien ? N’était-ilpas bourré, dévergondé, saoul ? Si. Exact. Tel était le comportement de cet… homme. J’en restai muette tellement il m’avait fait peur d’une part, et tellement il était surprenant de recevoir une telle demande à cette heure tardive et dans un lieu comme celui d’une rue déserte et sans musique, d’autre part. « Oui, une danse, ce serait bien ça. Et puis ça vous dériderait. Y a comme de la perplexité et de l’horreur dans l’air. J’vous promets, ce sera drôle ! Allez, donnez-moi votre main. » fit-il, tentant de combler mon mutisme. Puis, il me tendit sa main. Etait-il sérieux ? Vraiment ? Il voulait vraiment danser ici, tout de suite, maintenant ? L’alcool faisait vraiment, quelques fois, de drôles d’effets. « Maiiis… euuuh… Je suppose que vous avez un peu trop abusé de certaines boissons, vous. » répondis-je, dans un premier temps, avec un mince sourire perché sur mes lèvres. « C’est loin d’être… Enfin, bref c’est loin d’être moi qui devrais vous faire la leçon. Et puis, vous m’avez l’air d’être assez vieux pour vous auto-moraliser. » rajoutais-je avec une petite touche d’humour. Je remarquai alors que plus je parlais, plus j’oubliais mes dernières pensées. Alors, je continuai. « Une danse ? Vous êtes sérieux ? Dans un tel lieu, à cette heure ci ? » demandai-je, curieuse tout en arquant un sourcil car je ne saisissais pas tout. Au fond, c’était loin d’être une activité dangereuse. Juste danser… « Mais vous savez, je suis une piètre danseuse. Si vous m’invitez, je vais vous marcher sur vos pieds et ça va… faire disparaître votre bonne humeur et de surcroît votre ravissante gaieté ! » m’exclamai-je, en riant doucement. Ca me détendait… C’était étrange.

La vie était vraiment étrangement faite. On pouvait faire des rencontres absolument hallucinantes. Mais peut être était-ce un message ? Un message qui me disait que je ne devais pas autant me prendre la tête concernant cette grossesse…

J’étais en dessous de tout ces derniers temps et là, j’étais pathétique mais… j’étais complètement déchiré ce qui était une bonne idée au final. Si j’allais jusqu’à demander à danser avec quelqu’un en pleine rue, c’est que mon état avait quelque chose de très avancé et, je le reconnais, d’un peu pitoyable. Il n’empêche que c’était amusant et que j’avais envie de m’amuser ainsi que d’en apprendre plus sur elle et puis m’amuser aussi. Parce qu’au final, c’était surtout ça. Je voulais m’amuser.

L’air du parfait olibrius que j’étais, j’attendais qu’elle me réponde, ce qu’elle fit. « Maiiis… euuuh… Je suppose que vous avez un peu trop abusé de certaines boissons, vous. » Clairement vrai, quel sens de l’observation ! Ceci dit, elle commençait à sourire, c’était sur la bonne voie. « C’est loin d’être… Enfin, bref c’est loin d’être moi qui devrais vous faire la leçon. Et puis, vous m’avez l’air d’être assez vieux pour vous auto-moraliser. » Oui, ça, en effet, je pouvais mais être rabat-joie avec soi-même, c’était mourir malheureux et c’était stupide. « Une danse ? Vous êtes sérieux ? Dans un tel lieu, à cette heure ci ? » Je hochais la tête positivement. Oui, oui. Je pensais tout à fait danser en plein milieu de la rue avec elle. Qu’est-ce que ça pouvait faire au gens après tout. « Mais vous savez, je suis une piètre danseuse. Si vous m’invitez, je vais vous marcher sur vos pieds et ça va… faire disparaître votre bonne humeur et de surcroît votre ravissante gaieté ! » Je souris.
« Je vois bien que ça vous tente quand même et puis je suis bon danseur, vraiment très bon danseur. Alors ne vous en faites pas pour mes pieds, dansons ! Je suis sûr que ça vous mettra de bonne humeur, qu’on s’amusera bien et que ça ne gênera personne. D’ailleurs, si ça dérange, ils n’auront qu’à changer de trottoir. Il y en a deux, c’est pratique non ? » Je lui tendis la main avec conviction, plus franchement. « Dansons ! Les soucis s’envolent quand on danse et puis j’aime danser car on est libre quand on danse, libre comme l’air. D’ailleurs, bon ou mauvais, tout s’envole quand on danse. Croyez-moi, c’est magique. »
Oui… magique, car lorsque je dansais seul, tout disparaissait, il ne restait que moi et rien d’autre et quand je dansais avec quelqu’un d’autre, il ne restait que nos deux corps en osmose, que le danseur soit bon ou non et là n’était clairement pas la question. Il s’agissait juste de danser, d’oublier, de virevolter. On se poserait des questions sur ma santé mentale un autre joue. De toute façon, j’étais bourré. Je l’ai déjà dit non ? D’ailleurs, l’alcool fait faire un tas de chose étrange et ce soir… j’avais l’alcool joyeux et je voulais communiquer ma gaieté. Elle avait semblé préoccupée, j’avais voulu lui parler, je ferais d’une pierre, deux coups.

« Dites-moi votre nom si vous ne voulez pas danser avec un inconnu. Comme ça, nous pourrons danser en nous connaissant. On peut aussi parler en dansant, c’est parfois un peu compliqué mais puisqu’on ne risque pas de faire de la danse acrobatique, je crois que c’est faisable. Ça vous tente ? »

« Je vois bien que ça vous tente quand même et puis je suis bon danseur, vraiment très bon danseur. Alors ne vous en faites pas pour mes pieds, dansons ! Je suis sûr que ça vous mettra de bonne humeur, qu’on s’amusera bien et que ça ne gênera personne. D’ailleurs, si ça dérange, ils n’auront qu’à changer de trottoir. Il y en a deux, c’est pratique non ? » me dit-il, en me faisant un sourire – presque niais – tout en me tendant sa main pour la seconde fois. Cette fois-ci, il l’avait tendu plus franchement et avec un peu plus de conviction. De toute façon, il n’avait pas tord. J’en avais envie. Oui, j’avais envie de me laisser aller… Pour une fois. Genre, laisser cette folie m’envahir le temps d’une valse. Même si j’étais une piètre danseuse. Comme ça, grâce à cette folie, j’allais peut être oublié mes soucis et mes tracas ; mettre tout ça de coté. D’ailleurs, l’inconnu reprit la parole en prononçant des paroles qui reflétaient mes dernières pensées. J’en fus surprise : lisait-il dans les pensées ? « Dansons ! Les soucis s’envolent quand on danse et puis j’aime danser car on est libre quand on danse, libre comme l’air. D’ailleurs, bon ou mauvais, tout s’envole quand on danse. Croyez-moi, c’est magique. ». Je me mis à rire, amusée par sa dernière phrase. Comme si la magie existait… Je pouvais être assez naïve (moi qui croirais en un autre monde !), mais pas à ce point là. La magie, ça n’existait que dans les contes de fées n’est ce pas ? Je n’étais quand même pas débile. Cependant, pendant une fraction de secondes, je me laissai tenter : je pris finalement sa main. WAOUH ! « Voyons ce que peut faire la magie dans ce cas ! » lui répondis-je, en lui adressant un petit sourire. C’était quand même assez surprenant tout ça. Se faire inviter par un inconnu à danser, en pleine nuit et dans une rue de Taleville. Si on me l’avait dit cinq minutes avant, je ne l’aurais jamais cru. Cependant, ça n’avait pas été le cas. Et en plus, j’avais accepté. « Mais faites quand même attention à vos pieds. Je crains fort que la magie va pouvoir faire quelque chose pour ça » rajoutais-je, en souriant un peu plus largement. J’étais loin d’être saoule, mais c’était comme si la bonne humeur de mon cavalier était communicante. J’allais devenir folle ce soir ? Cependant, il y avait un autre effet bénéfique : j'en oubliais mes soucis.

« Dites-moi votre nom si vous ne voulez pas danser avec un inconnu. Comme ça, nous pourrons danser en nous connaissant. On peut aussi parler en dansant, c’est parfois un peu compliqué mais puisqu’on ne risque pas de faire de la danse acrobatique, je crois que c’est faisable. Ça vous tente ? » me demanda-t-il. Je me mis alors à rire, de plus en plus amusée par ce drôle de personnage. Etait-il vraiment humain ? Où sortait-il tout droit d’un conte pour enfants ? Ca pourrait être oui à la dernière interrogation à cause de sa personnalité loufoque. Et puis, il était tellement drôle et intéressant, ainsi qu’intriguant, qu’il pourrait animer à lui tout seul une fête d’anniversaire. « Jude. Je m’appelle Jude mais j’aurais été prête à parier que vous connaissez déjà mon prénom… » lui répondis-je. En effet, depuis que j’étais la petite copine de Spencer, le rédacteur en chef du journal de Taleville, tout le monde me connaissait et je ne pouvais plus passer inaperçue. Par conséquent, j’avais été surprise par la requête de mon interlocuteur. « Mais vous ne m’avez pas vexé. Ca fait juste… du bien de savoir qu’il y a encore des gens d’ici qui ne savent pas qui je suis. » expliquai-je, soupirant doucement.

Je commençais à douter de ma force de persuasion quand il s’agissait d’entraîner les autres à faire n’importe quoi. Après tout, ça n’était qu’une dance. Il n’y avait rien de dangereux là-dedans. Juste une danse. Le corps qui bougent, l’esprit qui se vide, la sensation de liberté et d’euphorie… En tout cas, ça c’était pour moi. Quand je dansais, tout allait mieux, tout se passait bien, comme dans mes rêves les plus fous. La réalité n’en demeurait pas moins dure mais au moins, l’espace d’un instant, j’avais été mieux. Je pouvais généralement repartir du bon pied. La danse avait un effet bénéfique sur moi, mieux qu’un joint mais plus fatiguant aussi. J’aimais danser, c’était une passion que peu de gens me connaissaient. Danse modern, modern jazz et même un peu de classique, je m’étais mis en tête de prendre quelque cours de fox-trot mais j’hésitais encore.

Elle finit par prendre ma main. On avançait ! « Voyons ce que peut faire la magie dans ce cas ! » Je souris. « Vous ne serez pas déçue du voyage ! » Elle ne resta cependant pas muette très longtemps. « Mais faites quand même attention à vos pieds. Je crains fort que la magie va pouvoir faire quelque chose pour ça » je ris de bon cœur. « Aucune crainte à avoir pour mes pieds, ils en ont vu beaucoup d’autres, croyez-moi. De plus, vous n’aurez qu’à me suivre, j’irais lentement. Et puis dans le pire des cas, je vous ferais virevolter. » Oh oui, ça, je pouvais le faire sans même me compliquer la vie. Je l’ai déjà dit mais… je suis vraiment un très bon danseur.
A ma proposition de faire connaissance, elle éclata de rire. J’avais beau chercher dans mon cerveau embrouiller par l’alcool, je ne trouvais pas la raison de son hilarité. Qu’à cela ne tienne. Je m’en fichais pas mal. Nous allions danser. Mais là-dessus, elle enchaîna. « Jude. Je m’appelle Jude mais j’aurais été prête à parier que vous connaissez déjà mon prénom… » Quelques secondes plus tard alors que je commençais à nous guider, elle parle de nouveau. Comme quoi une simple danse délie les langues… « Mais vous ne m’avez pas vexé. Ca fait juste… du bien de savoir qu’il y a encore des gens d’ici qui ne savent pas qui je suis. » Je souris. « Vous savez, moi, je me fiche un peu de ce qui se raconte. J’ai peut-être déjà entendu votre nom, mais je l’ai oublié. J’ai mon lot de ragots alors voyez-vous, je me fiche bien de ce qui est écrit par ce Loup. »

J’en avais assez lu des imbécillités venant de lui pour ne pas en rajouter un peu plus. Oui, j’étais parfois intrigué mais ces temps-ci, j’avais autre chose en tête. L’alcool aidant, je ne me focalisais d’ailleurs pas sur ce qui tournait dans ma tête. Je nous fis tournoyer nous. « Vous voyez ! Vous ne m’avez pas écrasé les pieds. Il suffit de vous laisser aller. Ne pensez à rien d’autre qu’à la danse, fermez les yeux. Oh et je m'appelle Wyatt. »

« Vous ne serez pas déçue du voyage ! » me dit-il en me souriant. Je le lui en fis un aussi car sa compagnie m’était beaucoup agréable. Oui, il ne fallait pas le nier. Bien qu’il était complètement saoul, il apaisait mes maux… Et c’était tout ce que je souhaitais. Alors, je me mis à lui sourire grandement, amusée par toute cette situation. Puis, il reprit la parole toujours avec ce ton agréable à entendre. « Aucune crainte à avoir pour mes pieds, ils en ont vu beaucoup d’autres, croyez-moi. De plus, vous n’aurez qu’à me suivre, j’irais lentement. Et puis dans le pire des cas, je vous ferais virevolter. ». A l’écouter, je me mis à rire, sincèrement amusée… D’ailleurs, comment faisait-il pour me faire autant rire alors que j’allais tellement mal à l’intérieur de moi ? Avec tous ces problèmes qui venaient de s’accumuler, comment arrivait-il à me décrocher un sourire sincère, rempli de bonne humeur ? Il devait user de la magie… Probablement. Et en plus, je me faisais contaminée : je commençais moi-même à divaguer, sans alcool… « Alors je me laisserai faire dans ce cas. » lui répondis-je, souriante, tout en exécutant mes paroles. J’étais loin d’être une grande danseuse. Ma mère m’avait même inscrite autrefois dans des cours de danse : classique, salsa, modern-jazz… Mais en vain. J’étais vraiment une nulle dans ce domaine. Malgré ce « raté », j’avais quand même accepté. Pourquoi ? Aucune idée. Peut être envie de changer d’air, de tourner un peu, histoire d’oublier mes nouveaux soucis. De toute façon, ça n’allait pas me tuer hein ? C’était sans risque car, étrangement, j’avais confiance en mon partenaire… Et puis, je l’aimais bien. Il fallait bien l’avouer !

« Vous savez, moi, je me fiche un peu de ce qui se raconte. J’ai peut-être déjà entendu votre nom, mais je l’ai oublié. J’ai mon lot de ragots alors voyez-vous, je me fiche bien de ce qui est écrit par ce Loup. » me répondit-il à propos de ma popularité dans Taleville depuis que j’étais devenue la petite amie de Spencer. Sa réponse me plut. Son état d’esprit aussi. C’était franchement agréable de passer une soirée en compagnie d’un mec qui n’en avait rien à foutre des ragots et autres trucs de ce genre. Je lui fis un remerciement par le regard. Il me guidait, lentement. Certainement le temps que je m’y habitue. Puis, il commença me faire virvolter. Je me mis alors à rire aux éclats, tellement l’effet était bon. C’était étonnant ! « Vous voyez ! Vous ne m’avez pas écrasé les pieds. Il suffit de vous laisser aller. Ne pensez à rien d’autre qu’à la danse, fermez les yeux. Oh et je m'appelle Wyatt. » prononça-t-il, souriant. Je me mis à rire, encore une fois. « Pas encore je rajouterai. Nous ne sommes qu’au début de la danse ! » lui dis-je, en lui faisant un clin d’œil. Mais à vrai dire, je faisais attention à mes pieds. J’arrivais encore à les tenir.

« Ravie de te rencontrer Wyatt ! » rajoutai-je, passant soudainement au tutoiement. Mais, je me sentais tellement bien…. Etais-je pardonnée ? Ca devait être la joie, et la disparition (pendant un bref instant je l’admets) de mes soucis. Je finis par céder à ses derniers mots. ‘Fermez les yeux’ … A ce moment là, ma tête virevoltait. Je voyais des étoiles partout. Je me sentais légère. C’était tellement magique !