A L'EPOQUE TU ÉTAIS : la mariée blanche
LE CONTE : La mariée blanche et la mariée noire
TON RÔLE DANS L'HISTOIRE : Etre le souffre douleur de ma belle-mère et ma belle-soeur mais finalement vivre heureuse à jamais
DE QUEL COTE ES-TU ? : de la bonté et la beauté
TON DERNIER SOUVENIR : moi tombant dans les eaux profondes
Ses mains tremblaient sous la fatigue, n'ayant plus la force de continuer à travailler, elle fît une courte pause, non sans remarquer le regard plein de noirceur que lui lança sa belle-mère. Elle se mit de nouveau à couper les fourrages lorsqu'elle aperçut un vieillard au loin. Cet homme était pauvre et il avançait doucement comme si le simple fait de porter sa maigre carcasse lui était difficile. Ses vêtements marquaient une certaine pauvreté, Pearl en ressentit immédiatement de la pitié même si elle-même ne roulait pas sur l'or.
« Pouvez-vous m'indiquer le chemin pour aller au village ? » N'osant pas prendre la parole avant que sa belle-mère ne le fasse, elle se contenta d'adresser un sourire au vieillard qui semblait foncièrement gentil.
« Il faudra le trouver vous-même ». Pearl fît les yeux ronds, malgré la méchanceté naturelle de sa belle-mère, elle ne s'attendait pas à une réponse aussi sèche de sa part.
« Quand on a peur de s'égarer, on part accompagné. » Tournant la tête vers sa belle-sœur qui ne se retenait jamais de dire ce qu'elle pensait, elle lui lança un regard noir avant de s'approcher attendrissante de l'homme qui lui faisait face.
« Venez, brave homme, je vous guiderai. » La blondinette n'avait pas l'habitude de tenir tête à sa belle-famille, mais elle senti qu'il avait besoin d'elle, soutenant le regard de sa belle-mère, elle suivie le vieillard sans accorder d'importance ni à l'une, ni à l'autre.
Il resta là, quelques secondes, son regard s’était assombrit et il toisait les deux femmes, Pearl quant à elle continua d’avancer sans remarquer le moindre changement. Pourtant, si elle s’était retournée, elle aurait vu sa belle-mère et sa belle-sœur devenir aussi noir que la suie et aussi laide que le charbon. Pendant que les deux femmes changées continuaient leur dur labeur, Pearl marchait aux côtés du vieillard, laissant le vent s’engouffrer dans ses cheveux à l’allure de ses pas. Le soleil était haut et la chaleur se faisait durement ressentir, la blondinette passa sa main sur son front pour en enlever la sueur. Elle commença à apercevoir le village qui ne se trouvait plus maintenant qu’à quelques mètres. Pearl se tourna vers l’homme qu’elle avait accompagnée jusqu’ici et lui sourit.
« Prononce trois vœux, ils seront exaucés. » La jeune fille fût étonnée par la proposition du vieillard, néanmoins, elle se prêta au jeu et se mit à réfléchir intensément.
« Je désire être belle et pure comme le soleil ». Soudain, elle sentit une chaleur bouillante l’envahir de la tête au pied, elle devint blanche comme la neige, aussi pure qu’une colombe et aussi belle qu’un coucher de soleil.
« Ensuite, je voudrais une bourse pleine d'écus qui ne désemplirait jamais. » Le vieillard rendit son deuxième vœu aussi réel que le premier sans qu’elle s’en rende compte. Elle n’aurait plus jamais à se préoccuper de sa pauvreté à présent.
« N'oublie pas le meilleur. » Elle lui sourit de plus bel et ajouta :
« Mon troisième vœu est la joie éternelle après ma mort ». Il lui fit un signe d’approbation et se sépara d’elle, la laissant seule mais plus heureuse qu’elle ne l’avait jamais été.
D’un pas assuré elle rentra chez elle, où se trouvait déjà sa belle-mère et sa belle-sœur, elles devinrent toutes deux furieuses à la vue de Pearl. Elle était devenue tellement belle que la fureur se lisait sur leurs visages. Tout ce qu’elles pouvaient entreprendre pour la rendre malheureuse, ne touchait pas la jeune fille, elle était bien trop occupée à repenser à ses vœux et à en profiter.
Un jour, son frère vint frapper à sa porte, après avoir longuement discuté, il lui demanda s’il pouvait dessiner son portrait, elle qui était si belle. Pearl qui aimait son frère comme jamais elle n’avait aimé personne et qui reconnaissait son talent, le lui autorisa.
« Ne montre surtout jamais mon portrait à personne ». Il le lui promit et pourtant, quelques semaines plus tard Régis revint avec une grande nouvelle. Le roi avait aperçu le tableau et était tombé amoureux de sa beauté, il désirait donc l’épouser ardemment. Evidemment, Pearl ne pût contenir sa joie. Toute la famille monta bientôt dans le magnifique carrosse que sa majesté avait fait envoyer pour elle. Régis qui était également le cocher, monta à l’avant, alors que sa sœur s’asseyait gracieusement à l’arrière vêtu de sa nouvelle robe. Elle ne s’en rendit pas compte mais elle devint soudain à moitié sourde suite à un mauvais sort jeté par sa belle-mère, elle n’entendait ni les roues écraser le bois mort, ni les oiseaux gazouiller et encore moins ce que tentait de lui dire son frère. Elle crut malheureusement que, prise d’une bonté inattendue, sa belle-mère lui répétait tout ce que Régis lui disait.
« Il dit seulement que tu dois enlever ta robe dorée et la donner à ta sœur ». La jeune femme, d’une nature très obéissante, retira immédiatement sa robe pour la donner à sa sœur. En échange, celle-ci lui passa sa chemise grise, sale et toute chiffonnée. Pearl entendit à nouveau son frère marmonner, elle n’en comprit pas un mot.
« Il dit seulement que tu dois ôter ton chapeau doré de ta tête et le donner à ta sœur » De nouveau, elle s’exécuta sans émettre la moindre résistance et tendit gentiment sa coiffe à sa belle-sœur. Le voyage était long, mais l’excitation qui envahissait la belle le faisait passer plus vite. Elle pensait au bonheur qu’elle allait enfin pouvoir connaître grâce à ce vieillard rencontré. Pour la troisième fois, Régis tenta de lui parler, mais rien n’y fît, elle n’ouï rien.
« Il dit seulement que tu dois regarder un peu le paysage. » Elle passa sa tête par la fenêtre du carrosse admirant le fleuve qu’ils étaient en train de passer, elle sentit soudain une pression dans son dos et sans avoir le temps de réagir, elle se retrouva dans les eaux profondes. Une vague l’engloutit et tout devint noir.
La lumière survint à nouveau, elle était là trempée, debout devant le roi, ne se souvenant que de sa chute dans l’eau. Il semblait surpris, mais reconnu immédiatement la fille du portrait. C’est ainsi qu’il se rendit vraiment compte de la supercherie de la belle-mère et la belle-sœur et lui demanda instantanément de lui conter la véritable histoire.
Son frère qui avait été enfermé fût libéré sous ordre du roi et les horribles femmes punis comme il se devait ; chassées et ridiculisées jusqu’à la fin de leurs misérables vies, tandis que Pearl pût enfin profiter du bonheur qu’elle méritait amplement.
Les souvenirs de Pearl ne sont plus rien. Un simple éclair ; elle tombait dans l’eau, se faisant engloutir par une vague qui serait la dernière chose qu’elle apercevra. Elle se souvenait de la froideur qui raidit son maigre corps, du manque de souffle qui ne tarda pas à la faire chavirer dans un profond sommeil. Et pourtant, elle était ici, présente, assise derrière cette caisse, pointant chaque jour les marchandises des habitants de Taleville. Son métier n’était pas très glorieux, mais elle l’aimait malgré tout. Elle parlait avec des inconnus, liait des amitiés, prenait des nouvelles de ses voisins et faisait de nouvelles rencontres. La jeune femme n’aspirait pas à une vie meilleure, elle était heureuse d’habiter dans sa minuscule maison, ne contenant que quatre pièces, contente d’aider les personnes âgées à traverser les rues, contente de garder des enfants pour permettre à certains parents de se détendre.
Voyant la vie en rose, un sourire accroché perpétuellement à ses lèvres et une main toujours prête à aider les autres, Pearl attendait que la vie lui donne sa chance. Elle n’espérait pas que quelque chose vienne chambouler sa destinée, mais simplement avoir une raison d’exister, car malgré sa bonne humeur, elle se demandait quelquefois ce qu’elle faisait dans ce monde. La simplicité de son existence devenait parfois ennuyante, elle s’inventait une autre vie de temps à autre, une vie ou elle serait plus que la simple caissière du supermarché.
Néanmoins, elle était fière d’entretenir de telles relations avec les citoyens, généralement aimée de tous, elle n’avait aucune difficulté à se faire des amis, mais sa naïveté ne la préservait jamais de mauvaises personnes qui n’étaient là que pour rompre sa confiance et la blesser.