CRÉDIT - TUMBLR

« Un bon thé doit être sucré comme la mort. »

"This is something that everyone knows :"

NOM & PRÉNOM(S) : Corbeau, Lune Delacroix ♦ DATE DE NAISSANCE ET AGE : trente juin mil neuf-cent quatre-vingt sept. Vingt-cinq ans cette année. ♦ ORIGINE(S) : Française et Russe ♦ EMPLOI ET/OU ETUDE(S) : illustratrice de livres pour enfants, joueuse d'ocarina à ses heures perdues ♦ STATUT : célibataire

CHAPTER ONE ♦ "Because we all lived in a fairytale."

A L'EPOQUE TU ÉTAIS : le Loir ♦ LE CONTE : Alice in Wonderland ♦ TON RÔLE DANS L'HISTOIRE : Je buvais la tasse, avec le Chapelier et le Lièvre. Non mais, vraiment, je buvais la tasse. ♦ DE QUEL COTE ES-TU ? : yé souis yentil ! ♦ TON DERNIER SOUVENIR : Du thé, du thé du thé. Tout noir dans la théière. Et puis des cris, et des tasses qui se cassent, et encore ! Oh, pourquoi ne restez-vous pas boire le thé ?

Le couvercle de la théière se levait comme le soleil et dévoilait un visage de bien trois fois ma taille. L'homme avait des cheveux qui ne connaissaient pas le principe de gravité, et son chapeau était démesurément grand. Sa tête d'ahuri ne mentait en aucun cas sur sa personnalité.
Je me redressais sur mes pattes arrières et m'étirais. Le haut de la théière m'arrivait à bien trois morceaux de sucres au-dessus de la tête. La main m'attrape par les poils de la tête et me fait sortir en chantonnant sa chanson quotidienne. Car aujourd'hui est jour de fête ! Mais quel jour ne l'est pas ?

Mes yeux demeuraient à moitié clos, et rien n'était ni réel ni imaginé. Je finissais toujours par disparaître dans ma théière, mon parapluie à la main, le couvercle sur le crâne. Et personne ne me revoyait plus du temps qu'ils chantaient, jusqu'à la fin de la chanson et les feux d'artifices ou bien l'évocation d'un chat. Chat, chat ! Ha ha ha, un chat ! Quelle horreur, un chat. Vous imaginez, un chat ! Mon Dieu. A l'aide !
Fou un et fou deux me bourraient de confiture pour me calmer.
De confiture, et d'un peu de thé.

De temps en temps l'on oubliait de me mettre dans la bonne tasse et je la buvais et je dormais dedans.
Fais dodo..

CHAPTER TWO ♦ "now, we are trapped in a curse..."

La schizophrénie ne connait aucune limite. Je veux dire, je peux être deux comme vingt. M'appeler Richie (quel prénom de mauvais goût) ou Ashley, être un homme, une femme ou un chien – au final je ne serais que ce que je crois être. Je suis ce que ma tête me dit que je suis. Et il suffit d'une goutte d'eau pour faire déborder la cafetière pour que je devienne une toute autre personne.
Pour peu que la personne concernée par cette maladie ait beaucoup d'imagination, tout peut être vrai. J'aurais même pu être une princesse, vous imaginez ? Moi. Une princesse.
Ou un chien.
Un insecte, aussi insignifiant soit-il, un arbre, une table, une souris, un ninja.
T'es bien trop empotée pour ça. C'est pas faux, quoi que tout dépend. Il est vrai que je suis maladroite. Je ne sais pas faire grand chose, c'en serait presque maladif. J'ai ce don pour savoir ce qu'il ne faut ni dire ni faire. Mais après l'avoir dit ou fait. Ma peau de neige et mes cheveux de paille font que les gens me prennent souvent pour une gamine. En même temps.. Ta gueule. En même temps, ta gueule. On me croit douce, délicate, généreuse, mignonne à croquer et toujours souriante. C'est pas faux, mais j'ai mes limites.
Quand les gens vous croient comme-ci ou comme-ça, il faut vous en tenir à ça. Ne pas les décevoir. On vous prend pour une gamine, et vous n'avez pas le droit de ne pas l'être.

Le docteur a dit que c'est à cause de ça que tu es là. Ah oui ? Oui. Comme de toute façon je n'en sais rien, je ne peux que le croire. On peut bien m'avoir façonné le passé qu'on veut, je n'en aurais jamais la preuve. Autant accepter cette version de l'histoire. Même si je l'avais su, je l'aurais oublié. J'oublie toujours tout.
Le docteur a également dit que Lune m'allait très bien comme prénom. C'est vrai. Pour la face cachée. Pour la pâleur. La forme différente qu'elle a chaque nuit. Pour l'éclat, parfois. L'astre étrange qu'elle est. Pour le vide. Qu'on connaît parfaitement. Le vide dans tes yeux. Et pas du tout. Tes trop grands yeux. Bleus. Douloureux. Mystère.
Quant au corbeau, je ne sais pas quoi en penser. On m'attendait peut-être brune, qui sait. Brune et mauvaise – quoi que je ne sais pas pourquoi les corbeaux sont toujours mal vus. Est-ce mal, d'être ce qu'on attendait pas que l'on soit ? Non. Je ne suis pas un corbeau. Trop inoffensive. Naïve. Pâle. Blanche, pure. Comme une vierge. Bien trop petite. Insignifiante. Colombe ? Peut-être.

La patronne m'a appelé à deux heures trente. Du matin. C'est quoi ces habitudes de merde d'appeler les gens aussi tard ?
Les illustrations ne lui vont jamais. Comment voulez-vous faire, bon dieu, une femme à l'air « strict mais pas trop », et « qui en impose et sait se faire respecter sans pour autant faire peur » dans une vignette de quatre par cinq centimètres ? Je suis pas le bon Dieu. Enfin.. Non, tu n'es vraiment pas le bon Dieu.
Je soupirais et allumais la lumière. Dans tous les cas, je ne me serais pas rendormie. Insomniaque. J'ai toujours eu l'impression, petite, d'avoir passé ma vie à dormir. Et je ne peux jamais trop dormir. J'ai l'impression d'être éveillée tout le temps, que j'ai pris de l'avance sur tous les dodos de ma vie. Allez savoir pourquoi.
J'attrapais le thermos à côté de moi et m'en servais une tasse. Je gardais toujours du thé à côté du lit. Et un peu partout. Je ne buvais presque que ça. Du thé, bien sucré. En plus de dormir tout le temps, j'avais du passer mon temps à ne pas boire. Que veux-tu, quand on est atteint, on l'est pas à moitié..
Je soupirais, encore. Il allait falloir bosser, au moins un peu. Non pas que ça me déplaisait, mais j'aurais croyez-moi préféré passer ma journée dehors.
Je m'asseyais sur le fauteuil du salon et attendaient que l'inspiration vienne. Autant dire que j'aurais pu attendre toute la vie.
Je prenais une énième tasse de café, de la confiture que je mangeais à la cuillère et allumais la télé. Chasse & Pêche.
Vous avez déjà remarqué à quel point les loirs ont une tête d'imbécile ?

"You and no one else."

TU ES OFFICIELLEMENT ACCEPTE A TALEVILLE "tu peux passer ton chemin cher ami."