Une grossesse, c’était un peu chiant. Je ne pouvais pas rester pendant des heures debout, ni faire une longue promenade en forêt car sinon, j’allais ressentir une vive douleur dans le dos. En plus, je fatiguais très vite et mon petit – gros – ventre me faisait mal également. Je devais rester le plus souvent assise ou couchée. Le médecin m’avait aussi recommandé de me reposer la plupart du temps. C’était ennuyeux, surtout que j’étais de nature très dynamique voire hyperactive. J’en étais malheureuse, mais je devais préserver ma santé mais surtout celle du bébé. Néanmoins, tout ce que je rêvais était de sortir un peu… Sinon, j’allais encore plus déprimer. Malheureusement, quand je sortais dehors, tous les regards se retournaient quand je marchais dans la rue : ma tentative de suicide et la grossesse qui commençait à se voir renforçaient la popularité de notre couple avec Spencer, et c’était assez… désagréable.

Aujourd’hui, on était samedi et le temps me faisait encore plus déprimer que d’habitude. Je soupirai de désespoir, en rallumant mon téléphone espérant une énième fois de recevoir un message de n’importe qui pour aller n’importe où. Je voulais sortir. Je voulais bouger… Ca faisait trop longtemps que je n’avais pas mis les pieds dehors. Fixant mes pieds nus, dont les ongles étaient joliment vernis (je passais mes journées à me faire les ongles), je soupirai une seconde fois en constatant que je n’avais reçu aucun message. Aujourd’hui allait être un jour banal… Comme tous les jours du début de la semaine. Harysta n’était pas disponible étant donné qu’elle était de service, Meri non plus il me semblait… Bref, personne. Qu’allais-je faire putain ?

Soudainement, j’entendis le vibreur de mon portable. Je me mis même à sursauter, tellement je n’attendais plus rien de la part de mon mobile. Je pris ce dernier, et je lus que c’était un appel de Lya. Celle-ci était une jeune femme, que j’avais rencontré récemment. C’était une petite nouvelle à Taleville, et je l’avais aidé le jour de son arrivée. « Allô ? » dis-je, à l’attention de Lya. Je me mis à sourire, contente d’avoir un contact social aujourd’hui : enfin ! « Jude ? C’est Lya. Ca te dit shopping, cette aprème, toutes les deux ? » me proposa-t-elle. Mon sourire devint plus grand, et je n’arrivais plus trop à contrôler ma joie. J’allais enfin sortir ! « Ouii, oui et encore oui ! Je suis partante ! A toute près de la statue ! » répondis-je, en riant à moitié. En plus, je devais refaire ma garde robe : qui dit grossesse, dit gros ventre et là ça commençait à être un peu urgent.

En début d’après-midi, et après une longue préparation (je mettais un peu plus de temps à cause de ma grossesse), je rejoignis Lya en ville et plus précisément sur un banc à coté de la statue. Arrivée en face d’elle – car elle était déjà là – je me mis à lui sourire, contente de la voir. « Lyaaa ! » dis-je, ravie. « Tu vas bien ? Arrêtes de faire cette tête… La statue, elle ne te mangera pas » rajoutai-je, avec humour. Elle se leva, et je lui fis la bise en guise de bonjour.

« Jude ! » me cria-t-elle, une fois arrivée près d'elle. Puis, elle se leva afin de me faire la bise tout en riant à ma réflexion concernant la statue. « Tu as raisons. Je suis contente que tu es pu venir ! Si tu as besoin de te reposer, surtout dis moi et on fera une pause. Je voudrais pas que tu te fatigues trop par ma faute. » rajouta-t-elle, avec un sourire perché sur ses lèvres. Je lui rendis son sourire, pensant à un détail près : je connaissais à peine Isalya. Alors, je m’étais peut être trompée à propos du fait qu’elle tirait une sale tête à mon arrivée. Je me sentis mal le temps de quelques secondes, mais je me rendis rapidement compte que ce n’était pas le moment, ni le lieu. Ainsi, je remis mon attention sur Lya, en lui souriant. « Ne t’inquiètes pas pour moi, ça ira. J’ai besoin de bouger ! J’ai l’impression que ça fait des siècles que je ne n’ai pas marché ! Ca va me faire le plus grand bien ! » dis-je, en m’exclamant, vraiment ravie de sortir de chez moi.

Je passais mon bras en dessous de sien, et je pris ensuite la direction des premières boutiques. J’allais devoir regarder les tailles plus grandes car malheureusement, mon ventre allait grossir. Ca allait marrant ! Du moins, j’espérais. Tout comme j’espérais de trouver de beaux vêtements. J’allais certes devenir une grosse baleine, mais je devais rester un minimum jolie… Non ? « Et sinon, depuis ton arrivée à Taleville ? Tu t’es intégrée ? » lui demandai-je, curieuse tout en balayant du regard les vitrines, qui défilaient à nos côtés. « Je vais devoir trouver des vêtements pour la grossesse même si à ce stade, c’est loin d’être voyant ! » rajoutai-je, en regardant mon ventre pour le montrer à Lya. En effet, ma grossesse était encore trop récente pour le voir. Et je sais également que je ne devais pas trop forcer… Je n’étais plus une, mais deux. J’allais très vite me fatiguer aussi. A cette pensée, je me mis à soupirer, doucement et tristement. Tout était tellement différent à présent.

Cependant, je me repris assez vite, me souvenant encore une fois que ce n’était pas le moment, ni le lieu. Ce fut à ce moment là que je fis l’enseigne d’une boutique. Bon prétexte pour faire partir la nostalgie et la tristesse. Juste un moment d’égarement… « AH tiens Lya ! Voici notre magasin ! Fais gaffe à ta carte bancaire… J’espère qu’ils ont des vêtements pour les femmes enceintes. » dis-je, légèrement rêveuse. Même si rien n’avait été prévu, j’étais quand même très heureuse d’être tombée enceinte. Je devais juste en profiter. Alors, j'affichais un grand sourire à Lya, rentrant dans le magasin avec elle, nos bras emmêlés.

J’avais l’impression de redevenir une adolescente en compagnie de Lya. C’était ainsi avec Lya. J’adorais Lya pour sa simplicité. Et grâce à elle, je pouvais oublier mes soucis, les mettre de coté. Faire une virée shopping, c’était top surtout quand on était accompagné d’une amie. Comme ça, je n’allais pas m’ennuyer, et mes ongles pouvaient souffler. Quant à moi, j’avais l’occasion de refaire ma garde robe, étant donné que mon ventre allait grossir de plus en plus. Je commençais à acheter des vêtements pour grossesse. C’était assez surprenant… Et très terrifiant le fait que j’attendais un enfant. Si on me l’avait dit quelques mois avant, j’aurais ris au nez de la personne. Je n’avais jamais imaginé une telle vie…

« Pas grand chose de nouveau. Le boulot me prend beaucoup de temps tu sais et puis, j'ose pas vraiment aller vers les autres. Mais ça viendra ! » me répondit-elle. Je lui adressais un sourire aimable. Elle venait à peine de débarquer à Taleville. Ca ne faisait que depuis quelques semaines qu’elle s’était installée dans cette petite ville. « Tu sais, il faut oser ! A Taleville, les habitants sont trèès ouverts. Ils t’accueilleront à bras ouverts, crois-moi ! » lui dis-je, en lui faisant un clin d’œil. Je parlais en connaisseuse de cause. Quand ça avait été mon tour, les habitants ne m’avaient pas rejeté. Et d’ailleurs, j’avais fini par m’installer définitivement à Taleville… J’avais saisi une grande opportunité pour acheter ma petite maison.

Finalement, on entra dans une boutique. On se sépara le temps de chercher quelques vêtements pour chacune. J’étais heureuse, apaisée. Ca me changeait les idées ! Et c’était agréable ! Au fond du magasin, il y avait un rayon pour grossesse. D’ailleurs, la vendeuse nous y emmena. Je ne quittais plus mon sourire, tellement j’étais contente de faire autre chose que de moisir chez moi. J’entrepris alors ma petite recherche laissant Lya en faire de même. Quelques minutes plus tard, mon amie vint vers moi, avec un sourire. Elle semblait satisfaisante d’elle. « Qu’est ce que t’en penses ? » me demanda-t-elle, en me montant une petite robe légère rose pâle. « WAOUH ! » répondis-je, immédiatement. « Elle est magnifique ! Très belle ! » rajoutai-je, en riant doucement. J’en profitai alors pour lui montrer deux hauts que je venais de trouver dans ma quête. « Tiens, et ça t’en penses quoi ? » lui demandai-je, à mon tour en lui montrant deux débardeurs assez amples, de couleurs fraiches, ce qui était parfait pour les saisons à venir !